EGLISE NOTRE DAME DE PITIÉ

 

Aucun document ne nous est parvenu concenant l’aspect de l’église paroissiale reconstruite vers 1765, à l’exception du plan de masse visible sur le plan cadastral établi en 1837 : en croix latine, l’église se terminait par un choeur à pan coupé. La partie ouest était cantonnée sans doute d’une chapelle des fonts de plan polygonal au nord, de deux autres excroissances au sud, peut-être un ossuaire.

A la demande faite par le préfet sur les édifices cultuels, le maire Danigo, répond le 21 pluviose an X : « l’église dite de Saint-Pierre, bâtie à neuff il y a trente huit ans, est encore en bon état et peut contenir 3000 âmes ». En 1808, le desservant précise que des « réparations urgentes doivent être faites à l’église, sutout au pignon. » L’examen de l’édifice fait par l’architecte Louis Dutartre en 1911 conclut à la nécessité de démolir le beffroi, en mauvais état et à consolider la balustrade de la tour (celle de la chapelle ?). La décision est prise de reconstruire le beffroi en mai 1911, travaux effectués par l’entrepreneur Bachet d’Hennebont en 1914.

La chapelle Notre-Dame de Pitié construite entre 1553, date portée sur le choeur et 1560 (tour) était construite entièrement en pierre de taille. De plan en croix latine à chevet plat, elle comprenait une nef sans bas-côtés et deux bras égaux de transept.qui s’ouvrait sur la nef par deux grandes arcades dont les arcs à mouluration multiple pénétraient dans des piles à pans coupés. Elle se terminait par une tour massive à l’ouest, avec un tympan très extraordinaire, avec sculptures monumentales du Christ de la Vierge, jugé par Rosenzweig « d’un goût déplorable ».

Le maire Danigo rapporte en 1808 que « la tour est un monument à conserver sous plusieurs rapports : elle sert de point de remarque à la navigation et aussi pour la confection de la carte géographique. L’une des tourelles étant très penchée, en tombant endommagerait l’église et pourrait écraser des passants. Pour quoi elle doit être descendue promptement » : on suppose qu’il s’agit de la tour de la chapelle, l’église ne possédant qu’un petit clocher médian en bois. La foudre détruisit la flèche de cette tour le 11 février 1833 et il fallut attendre 1855 pour qu’elle soit reconstruite, probablement par Le Maux, entrepreneur à Auray. Dès le début de la première Guerre mondiale, de nouveaux travaux sont effectués par l’entrepreneur Le Naour de Quimper sur la maçonnerie de la tour. Les travaux interrompus par la guerre ne seront pas repris.

Le mauvais état de l’église après la première Guerre mondiale conduit le conseil municipal à projeter la transformation de la chapelle en église paroissiale, la réparation de l’église coutant plus de 100000 fr. Le maire estimait que la chapelle « monument qui sans être de premier ordre, est d’une architecture intéressante, [et son agrandissement] est préférable à la réfection de l’église qui ressemble plus à une grange qu’à un édifice religieux. » Le 3 avril 1924, Louis Dutartre, architecte lorientais, établit un état des lieux des édifices religieux du bourg. A un nouveau courrier à la mairie de Kervignac daté du 12 mai 1924 est joint l’avant-projet de transformation de la chapelle par adjonction de bas-côtés et d’une sacristie, la surface de la chapelle atteignant alors alors 400 m² contre 410 m² à l’église. Le devis de transformation s’élevait à près de 270000 fr. avec réfection totale de la charpente et de la toiture. Ce projet présentait en outre, avec la suppression de l’église, l’intérêt de ménager une place au nord de la chapelle. Les travaux sont adjugés à l’entrepreneur lorientais Le Loir, qui récusa en cours de chantier au profit de Jamet, entrepreneur à Plouharnel.

Pendant les travaux, on dut encore reconstruire le pignon sud, puis le pignon nord du transept, affaibli par une tempête, ainsi que sa charpente et sa couverture jusqu’à la nef.

L’ancienne église fut démolie en 1926 par l’entrepreneur Jamet, cette démolition ayant été précédée en 1925 par celle du porche qui fragilisait l’église, démolition faite par l’entrepreneur Le Loir..

     

Les quelques vues de la chapelle montrent un édifice qui semble parfaitement homogène, entièrement en pierre de taille, sur plan en croix latine. Les arcades du transept à mouluration pénétrante retombent sur des piles octogonales avec base moulurée. Une porte en anse de panier avec archivolte en accolade s’ouvre dans le pignon du bras de transept sud, et une fenêtre à remplage à fleur de lys dans le mur est du même bras. Une porte identique est percée dans le bras nord du transept. Le choeur était éclairé par deux fenêtres qui semblent antérieures à la mise en place du grand retable en calcaire, sans doute du 17e siècle, qui occupait le choeur. Pourtant, le plan de Dutartre indique la présence d’une grande fenêtre axiale dans le choeur ; elle semblait avoir été rouverte après les travaux de Dutartre, peut-être au prix de la disparition du grand retable mise en place au début du 18e siècle par le morbihannais Claude Moullé (recherches Sandrine Guillot). La puissante tour occidentale était la partie la plus remarquable de l’édifice. Hors de proportion avec le reste de l’édifice, elle est inspirée de la tour d’Hennebont (1524), sans doute le modèle, et se retrouve dans de nombreuses grandes chapelles morbihannaises, comme à Saint-Nicodème à Pluméliau vers 1535, Locmaria de Melrand vers 1530, ou encore Notre-Dame de la Houssaye à Pontivy et à l’église de Larmor. Elle se distinguait cependant par l’ornementation unique déployée sur la face ouest sous une archivolte à décor de feuilles de choux assez maladroites, un grand Christ en croix cantonné de plusieurs personnages dont la Vierge et saint Jean. Peut-être y était aussi représenté le seigneur de Lopriac, principal prééminencier de la paroisse.

La destruction presque totale de la chapelle à la fin de la seconde Guerre mondiale imposa sa reconstruction. Après le refus par la commission diocésaine des monuments religieux d´un premier projet en rotonde, les architectes Conan et Delayre se rallièrent à un autre type de plan centré, celui de la croix grecque, très en vogue dans les années 50. Le soubassement et le clocher, haut de 42 m, sont revêtus de dalles de granit de deux teintes, tandis que les quatre grands pignons triangulaires sont enduits de ciment blanchi. A l´intérieur, une vaste frise en dalles de verre signée de Gabriel Loire, courant tout le long des murs éclairent l’édifice. La belle charpente apparente en béton de forme uppercruck forme une croisée spectaculaire. Le clocher en béton ajouré de croisillons est du même type que celui reconstruit sur l’église de Nostang par les mêmes architectes. Cependant, la hauteur moindre produit un effet très différent. .